Nous avons appris hier la libération d’Herman Wallace pour lequel nous avions tous signé en exigeant cet acte minimum d’humanité.
H. Wallace est un des « trois d’Angola » (avec Albert Woodfox et Robert King) dont nous avions exposé le cas sur ce lien et diffusé sa réponse à nos courriers.
Pour mieux se rendre compte des conditions de détention à l’isolement, il faut lire cet article du Figaro
Le 1er octobre, le juge fédéral Jackson a cassé la condamnation d’Herman Wallace pour violation de ses droits constitutionnels et ordonné sa libération immédiate.
L’Etat de Louisiane a immédiatement fait appel de la décision, qui a été une nouvelle fois rejeté par le juge, dans la nuit de mardi à mercredi…
Il est aujourd’hui libre, mais mourant, après qu’un cancer du foie lui a été diagnostiqué en juin dernier.
Nicolas Krameyer d’Amnesty France nous affirme que – bien que malade – il est «pleinement conscient», «submergé de joie…. de retrouver ses proches…» et de «vivre ses derniers jours auprès d’eux, en homme libre». «Néanmoins, le fait que la justice ait triomphé à la dernière minute ne peut faire oublier les 42 ans d’injustice» qu’il a vécus, a nuancé Nicolas Krameyer.
Ci dessous, le courrier qu’Herman Wallace a adressé à Amnesty début septembre…
Samedi 31 août, j’ai été transféré à l’hôpital pour un bilan. On m’a informé que la chimiothérapie avait échoué et ne faisait qu’empirer les choses, de sorte qu’on a mis un terme à tout traitement. Les oncologistes ont déclaré que plus rien ne pouvait être fait pour moi au niveau médical, dans les limites des soins de base qu’ils ont l’autorisation d’administrer. Ils ont recommandé mon admission dans un hospice pour m’apporter autant de confort que possible pour mes derniers jours. On m’a donné deux mois à vivre.
Je veux que le monde sache que je suis un homme innocent et qu’Albert Woodfox est également innocent. Nous sommes deux parmi les milliers de prisonniers condamnés à tort qui sont retenus dans le Goulag américain. Nous nous associons à la douleur des familles de Brent Miller et des nombreuses autres victimes de meurtres qui ne pourront jamais faire le deuil de leurs proches à cause du système de justice pénal injuste de ce pays. Nous nous associons à la douleur des familles de ceux qui ont été injustement accusés et qui souffrent également de la perte d’un proche.
Sur l’ensemble, seule une poignée de prisonniers a réussi à tenir pendant ces longues et terribles années d’isolement cellulaire, comme celles qu’Albert et moi ont vécues. L’État a peut-être bien volé ma vie, mais mon esprit poursuivra le combat auprès d’Albert et des nombreux camarades qui nous ont rejoints au fil du temps ici, au fond du gouffre.
En 1970, j’ai fait le serment de consacrer ma vie à servir le peuple, et même si je suis à terre, je reste à votre service. Je veux tous vous remercier, vous, mes soutiens dévoués, pour m’avoir accompagné jusqu’à la fin.