Jour de colère ! Herman Wallace est mort

« Il ne faut pas dire qu’un acte froisse la conscience commune parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’il froisse la conscience commune.
Nous le réprouvons pas parce qu’il est un crime, mail il est un crime parce que nous le réprouvons » Emile DURKHEIM

« Je peux vous dire que j’ai compris pourquoi l’oiseau en cage chante. Il ne chante pas pour exprimer son bonheur. Non, son chant est un acte de défi. Il chante parce qu’il sait que ses ennemis sont faibles. » Herman WALLACE

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Herman WALLACE a qui nous avions dédié le concert du vendredi 4 octobre est décédé… à peine 3 jours après sa libération !

Nous l’avons appris à la sortie du concert et même si nous nous doutions de la brièveté de sa durée de vie une fois sorti, cette annonce s’accompagne d’une grande bouffée de colère.

Colère parce qu’Herman Wallace, afro-américain, a été condamné en 1974 pour le meurtre d’un gardien de prison, Brent Miller, par un jury composé exclusivement d’hommes blancs et qu’ « aucune preuve ADN ne le reliait au crime, pas même le couteau ou les empreintes digitales sanglantes retrouvés sur le lieu du crime. Il a été démontré par la suite que la déclaration du témoin principal avait été achetée par l’État en l’échange de faveurs, dont sa grâce. »

Qu’elle est la probabilité dans ce pays pour qu’un noir dans le périmètre du cadavre d’un blanc soit jugé coupable avant même parfois de connaître l’existence du meurtre ?

Colère parce qu’Herman Wallace « Immédiatement après le meurtre, a été placé en isolement cellulaire, dans une cellule de deux mètres sur trois, et confiné dans cet espace extrêmement réduit 23 heures par jour. On lui refusait non seulement toute possibilité d’interactions sociales mais également toute participation à des programmes de travail, d’études, et de réhabilitation. Pendant ces 41 années passées à l’isolement, il n’était autorisé à sortir de sa cellule que durant sept heures par semaine, réparties entre la douche et des sessions passées seul dans une enceinte extérieure. Au regard du droit international, ces conditions constituent un traitement cruel, inhumain et dégradant. »

Quelle est donc cette arrogance monstrueuse et cet acharnement insondable d’infliger à un homme un tel châtiment ?

Colère encore parqu’Herman Wallace « Pour ajouter à l’injustice, s’est vu refuser un examen significatif des raisons ayant motivé cette décision. Depuis 1972, la commission de révision de la prison a réexaminé et reconfirmé plus de 160 fois la décision initiale de maintien à l’isolement d’Herman Wallace. Ces examens ne respectaient en aucun point les obligations de procédure régulière prévues par la Constitution selon lesquelles auraient dû être menées des évaluations du comportement d’Herman Wallace à intervalle régulier afin de déterminer si l’isolement était toujours justifié.
La décision des autorités pénitentiaires de maintenir Herman Wallace à l’isolement ne pouvait pas être justifiée par son comportement. Les registres de la prison indiquaient qu’il n’avait commis aucune infraction disciplinaire pendant ces décennies et le dossier de la prison relatif à sa santé mentale précisait qu’il ne représentait aucune menace ni pour lui-même, ni pour autrui. En 2006, le directeur de la prison d’Angola, Burt Cain, a considéré que son dossier disciplinaire impeccable n’était pas à prendre en compte, et il a déclaré : « Son dossier […] n’a guère d’importance. C’est sa condamnation initiale qui fait qu’il se trouve là où il est, et qu’il va y rester. »

Quelle est donc cette incompétence sans fond, ce système juridique qui permet à une poignée d’hommes durant 41 ans (!) de se jouer (sans preuve !) de la vie d’un autre ? Un seigneur sanguinaire de la féodalité ? Non, une Bloody democracy !

Herman Wallace n’a jamais cessé de clamer son innocence dans l’affaire du meurtre de Brent Miller.

Cette lamentable histoire – comme bien d’autres… – devrait nous permettre de nous interroger sur ce qu’est un crime ? De quel côté est-il ? Cette question est d’autant plus cruciale que le 10 octobre prochain, nous commémorerons la 11ème journée mondiale contre la peine de mort

« L’étude du crime est un des éléments de première importance pour connaître et mesurer les valeurs courantes dans une société » disait Henri Lévy-Bruhl (juriste et sociologue français, considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie du droit moderne.)

Reste le rêve d’Herman Wallace, la maison dont y rêvait, la maison imaginée par un homme qui a passé 41 ans de sa vie confiné dans 5 m2 et dont Jackie Sumell a dessiné le plan, a réalisé une maquette et s’est promis de la construire… Un film retrace ce rêve de liberté « Herman’s House »

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