EGYPTE
UNE PRISONNIÈRE DÉTENUE ARBITRAIREMENT
EN GREVE DE LA FAIM
Ola al Qaradawi a entamé une grève de la faim le 27 juin pour demander la fin de sa détention arbitraire et des conditions déplorables dans lesquelles elle est incarcérée. Elle est détenue à l’isolement depuis son arrestation, le 3 juillet 2017. Hossam Khalaf, son mari, est également détenu arbitrairement. Le ministère public refuse que leurs avocats accèdent au dossier. Il n’a présenté aucun élément justifiant leur détention pour les chefs d’accusation retenus contre eux.
Le 27 juin, Ola al Qaradawi a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention arbitraire et les conditions déplorables dans lesquelles elle est détenue. Le jour même, un juge a examiné son maintien en détention provisoire et l’a prolongé de 45 jours supplémentaires, sans permettre à ses avocats de présenter des arguments contre sa détention.
Depuis le 30 juin 2017, cette femme et son mari Hossam Khalaf sont détenus pour des accusations, forgées de toutes pièces, d’appartenance et de soutien financier aux Frères musulmans dans le but de porter atteinte à la sécurité nationale. En une année, le ministère public n’a pas fourni le moindre élément justifiant ces accusations, et ils n’ont pas pu contester efficacement la légalité de leur détention. Les procureurs empêchent en outre leurs avocats d’accéder au dossier pour préparer leur défense. L’administration pénitentiaire refuse aussi que leurs avocats et leurs proches leur rendent visite. Ola al Qaradawi est maintenue à l’isolement depuis son premier jour en prison. Le 7 mai, Amnesty International a publié un rapport sur la détention à l’isolement dans les prisons égyptiennes, dans lequel l’organisation soulignait que le maintien à l’isolement et les conditions de détention d’Ola al Qaradawi constituaient une forme de torture (https://www.amnesty.org/en/documents/mde12/8257/2018/en/).
Depuis son arrestation, Ola al Qaradawi est détenue à la prison pour femmes d’Al Quater (gouvernorat de Qalyubiya) dans une cellule d’environ 160 cm sur 180 cm, sans lit ni toilettes et dont la ventilation et l’éclairage sont insuffisants. On ne lui donne que cinq minutes chaque matin pour utiliser des toilettes extérieures.
ACTION RECOMMANDÉE : lettre international / email / fax / twitter :
demandez-leur de libérer Ola al Qaradawi et Hossam Khalaf et d’abandonner les poursuites engagées contre eux ;
engagez-les à fournir de toute urgence à Ola al Qaradawi et Hossam Khalaf l’accès aux soins dont ils ont besoin, et à leur permettre de recevoir des visites régulières de leurs proches et de leurs avocats ;
appelez-les à mettre fin immédiatement à la détention prolongée à l’isolement d’Ola al Qaradawi.
MERCI D’ENVOYER VOS APPELS IMMEDIATEMENT.
SI VOUS RECEVIEZ CETTE ACTION URGENTE AVEC RETARD, NE PLUS INTERVENIR APRES LE 16 AOÛT 2018.
– Ministre de l’Intérieur
Minister Mahmoud Tawfik
Ministry of Interior
Cairo, Égypte
Fax : +202 2794 5529
Courriel : center@moi.gov.eg ou HumanRightsSector@moi.gov.eg
Formule d’appel : Monsieur le Ministre,
– Président
President Abdel Fattah al Sissi
Office of the President
Al Ittihadia Palace
Cairo, Égypte Fax : +202 2391 1441
Formule d’appel : Monsieur le Président,
Copies à :
Adjoint au ministre des Affaires étrangères, chargé des droits humains
Ahmed Ihab Gamal Eldin
Ministry of Foreign Affairs
Corniche al-Nil, Cairo
Égypte
Fax : +202 2576 7967
Courriel : Contact.Us@mfa.gov.org
Twitter : @MfaEgypt
Ambassade d’Egypte 56 avenue d’Iéna – 75116 Paris Tél : 01.53.67.88.30.- Fax : 01.47.23.06.43 Courriel : paris_emb@mfa.gov.eg
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Tarifs postaux pour l’Egypte : Lettre internationale (20 g) : 1,30 €
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Ceci est la deuxième mise à jour de l’AU 206/17.
Pour plus d’informations : http://www.amnesty.org/fr/documents/mde12/7069/2017/fr/.
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Ola al Qaradawi est la fille de Youssef al Qaradawi, ressortissant égyptien vivant au Qatar et désigné comme « terroriste » par les autorités égyptiennes depuis juin 2017. Hossam Khalaf est ingénieur et membre du parti politique islamiste El Wassat (le Milieu), enregistré légalement. Il avait déjà été détenu pendant deux ans entre 2014 et 2016 dans le cadre d’une enquête ouverte contre lui pour appartenance et soutien financier aux Frères musulmans dans le but de porter atteinte à la sécurité nationale. Le parquet a ordonné sa libération le 22 mars 2016 sans l’avoir inculpé officiellement. Le 3 juillet 2017, le service du procureur général de la sûreté de l’État a ordonné le placement en détention du couple pour appartenance aux Frères musulmans. L’administration pénitentiaire a immédiatement placé Ola al Qaradawi et Hossam Khalaf à l’isolement et les a empêchés de consulter leurs avocats et de voir leur famille.
Selon leurs proches et leurs avocats, leur état de santé s’est aggravé en raison du manque de nourriture et de soins médicaux adaptés. Les normes internationales relatives au traitement des prisonniers interdisent la détention prolongée à l’isolement, c’est-à-dire le maintien en détention sans contact humain réel pendant au moins 22 heures par jour durant une période dépassant 15 jours consécutifs.
Le 30 juin 2017, les forces de sécurité ont effectué une descente dans la maison d’été d’Ola al Qaradawi à Alexandrie, sur la côte nord du pays, alors qu’elle s’y trouvait en vacances avec son mari, Hossam Khalaf. La police les a emmenés au poste de police de Burj Al Arab et les a déférés au service du procureur général de la sûreté de l’État, au Caire. Des procureurs les ont interrogés pendant deux jours et ont ordonné leur placement en détention pendant 15 jours pour des accusations infondées d’appartenance et de soutien financier aux Frères musulmans dans le but de porter atteinte à la sécurité nationale. Le ministère public a depuis renouvelé leur détention à plusieurs reprises. Les forces de sécurité ont également perquisitionné leur appartement au Caire et saisi de l’argent, les bijoux personnels d’Ola al Qaradawi et les documents de travail de Hossam Khalaf.
Le 17 août, un comité nommé par l’État chargé de vérifier les finances des membres supposés des Frères musulmans a gelé les avoirs d’Ola al Qaradawi et de Hossam Khalaf ainsi que ceux de 14 autres personnes, estimant qu’ils faisaient partie de cette organisation. Le 30 août, la Cour pénale du Caire a désigné Ola al Qaradawi et Hossam Khalaf comme « terroristes », au titre de la Loi n° 8 de 2015 sur les entités terroristes. Cette désignation repose seulement sur des informations rassemblées par l’Agence de sécurité nationale du ministère de l’Intérieur et a été décidée sans procès. Les autorités égyptiennes utilisent cette loi de manière arbitraire et sans respecter les garanties d’une procédure régulière.